Messe de Mondaye

(création en l'Abbaye de Juaye-Mondaye le 30 octobre 2010)

 

Ecouter le Credo : www.youtube.com/watch?v=Rknk2Qqzizw

 

La Messe de Mondaye a été composée en 2009 et 2010, à la demande de l’association Mondaye en Musiques. Conformément au cadre qui m’a été fixé, il s’agit d’une œuvre qui peut revêtir plusieurs fonctions : musique liturgique, d'intonation naturelle pour une assemblée dominicale ; véritable pièce de concert, d'une écriture modale inspirée du plain-chant et qui peut être aussi intérieure qu'éclatante. Un ambitus vocal relativement réduit (dépassant rarement le ré pour les soprani par exemple), permet en outre à cette partition d’être chantée par un chœur relativement modeste. Cette Messe peut être donnée dans des conditions idéales avec l'effectif usuel de l'Ensemble Instrumental de Basse-Normandie (cordes avec une flûte, un hautbois, une clarinette, un basson et un cor) pour lequel elle a été conçue, ou pour un accompagnement d'orgue, voire de piano ou de harpe. Les Kyrie, Gloria, Sanctus et Agnus tiennent compte des particularités d’un orgue classique français, et sont parfaitement jouables sur tous les tempéraments anciens. C’est donc une œuvre à géométrie et à vocation variables.

            Aux parties invariables de la Messe s’ajoutent prélude, chant d’entrée, psaume, Alleluia, Prière universelle, Anamnèse, interludes, etc. Mais seule la Messe proprement dite est destinée au concert.

            Au moment de me mettre à l’ouvrage, je me suis souvenu du mot de Stravinsky au jeune Honegger lorsqu’il reçut la commande du Roi David pour le petit théâtre suisse : faites comme si vous aviez toujours rêvé de cet effectif ! De fait, les préoccupations formulées dans le cahier des charges de la Messe recoupaient les miennes et me confortaient dans mon souci d’élaborer une musique liturgique accessible mais de grande qualité, accompagnée par un ensemble instrumental relativement sobre mais parfaitement équilibré. J’ai choisi des modes anciens, eu égard au tempérament inégal de l’orgue de l’abbaye. Ces couleurs grégoriennes, comme la citation somme toute assez discrète de plusieurs thèmes grégoriens (Salve Regina, Alleluia de la fête de la Toussaint…) situent cette œuvre dans une certaine tradition française de la Messe, dans un langage musical assez strictement cadré, inhabituel sous ma plume, mais que j’assume dans ces circonstances avec conscience et conviction. Car j’ai écrit avec une immense joie intérieure cette Messe de Mondaye.

            Le Kyrie est écrit en mode de la sur sol (éolien), ce qui permet l’allusion à sa dominante (mode de mi sur ré). A l’invitation d’un soliste ou d’un pupitre vocal, répond une courte mélodie reprise par l’assemblée. Ce thème immédiatement mémorisable est après chaque invitation traité en écriture polyphonique, dans une courte séquence destinée au chœur seul. C’est une page que j’ai souhaitée méditative, expressive, sans ostentation. 

            Le Gloria est écrit dans le mode général de ré (dorien) sur sol. Il alterne des séquences destinées au chœur seul avec d’autres qui peuvent être chantées à volonté par l’assemblée. Un brillant motif de carillon ponctue et structure cette pièce, construite en trois grandes sections.

Ses deux parties extrêmes sont symétriques, ce qui permet une meilleure mise en œuvre sur le plan pratique (mémorisation des mélodies par l’assemblée). Au centre, s’ouvrant sur les mots Domine Deus, Agnus Dei, la partie centrale, plus douce et intérieure, crée un contraste poétique.

            J’ai beaucoup pensé à la forme du Credo, pour permettre une participation du public. Une solution simple et efficace m’a été suggérée par Christian Nisse et les frères, elle consiste à reprendre un court refrain dans le mode d’ut (ionien) : Credo in unum Deum. Etant donnée la longueur du texte, je ne pouvais me satisfaire d’un mode donné, et j’ai dû renoncer à une partition transposable intégralement sur l’orgue de Mondaye. C’est la seule entorse à cette règle stricte. Pour éviter une certaine lassitude tonale, j’ai eu l’idée de transposer ce court refrain dans les tons de do, ré, mi et fa, ce dernier ton constituant le point culminant du morceau. Puis nous descendons de fa vers mi, ré et do pour revenir au climat initial. L’œuvre avance donc avec une certaine énergie intérieure vers son axe de symétrie (Crucifixus suivi de Et resurrexit) ; de part et d’autre, la musique se reflète comme dans un miroir.

            L’ostinato à base de quintes successives qui accompagne le discours musical en pizzicati est un hommage à Schubert, qui propulse le Credo de sa sublime Messe en sol avec un mouvement perpétuel de croches.

            Le Sanctus fait succéder deux petites sections, l’une majestueuse, à 6/4, est écrite dans le mode de mi sur la (mode phrygien), l’autre à quatre temps, se conclut dans le mode rayonnant de fa sur do (mode lydien, sorte de sur-majeur). L’assemblée peut reprendre à pleine voix l’Hosannah.

            Pour conclure, l’Agnus Dei renoue avec le climat intérieur, méditatif et serein du Kyrie. Le mode utilisé est celui de ré sur sol (comme dans le Gloria). Une section réservée au chœur seul, développant une expressive polyphonie prépare le Dona nobis pacem final. Un court postlude instrumental renoue avec les mélismes du Kyrie initial, dans un climat de douce contemplation.

 

 

 

Dates de la création de la Messe de l’Abbaye de Mondaye pour la solennité de la Toussaint

 

Samedi 30 octobre 2010,

abbaye Saint-Martin de Juaye-Mondaye

Orchestre de Basse-Normandie, direction Dominique Debart, Ensemble vocal Diakhrôma, direction Nicolas André

en partenariat avec le Conseil de la région Basse-Normandie

 

Puis le :

 

Dimanche 31 octobre 2010,

Eglise Notre-Dame-de-la-Gloriette, Caen

 

 

Lundi 1er novembre 2010, abbaye de Mondaye, dans le cadre de l’office de la Toussaint, Création de l’office complet (avec chant d’entrée, psaumes, alléluia, Notre Père, antiennes et pièces d’orgue)


 

http://www.mondaye.com/